Quelques minutes après la fin du scrutin, dès les premières enveloppes ouvertes à Halluin, les visages de la gauche halluinoise sont fermés. Les bulletins qui s’amoncellent sur les tables étaient bleu, bleu UMP et bleu FN, beaucoup plus rarement rose ou rouge. Dans les autres villes du canton, le scénario est le même. La gauche allait être balayée dès ce premier tour de scrutin des départementales. Les deux premières places font l’objet d’une bataille âpre. L’UMP et le FN ferraillent dans chaque bureau de vote.
À Tourcoing, dans les treize bureaux de vote, le duo frontiste Virginie Rosez et Christophe Marescaux caracole avec cent voix d’avance (36,10 %). Mais dans les trois autres villes (Roncq, Neuville et Halluin), il reste deuxième. À quelques voix comme à Halluin où 53 voix le séparent de l’UMP.
C’est donc le tandem Marie Tonnerre-Gustave Dassonville qui arrive en tête. Il cumule 39,49 % des suffrages. Le plébiscite ne vient pourtant pas des villes où les deux candidats sont maires. C’est à Roncq qu’ils font leur meilleur score : 44,85 %. Gustave Dassonville qui était candidat en 2011 a presque doublé ses voix. En revanche, les deux maires ne réussissent pas à rassembler autant de voix qu’aux municipales de 2014…
Le Front national lui fait carton plein. En quatre ans, aux mêmes élections cantonales, le parti de Marine Le Pen, cumulait 4 763 voix. Cette fois, 7 345 électeurs ont voté pour ses candidats. A Neuville-en-Ferrain, où trois élus du FN siègent au conseil municipal, le parti a gagné 272 voix en un an. Et dans toutes les villes, il peut désormais compter sur un électorat de plus en plus large. A Halluin, il a gagné mille voix depuis 2011… Et dans la salle du Manège, un socialiste, désabusé, haussait les épaules : « Maintenant on peut dire que certains de nos électeurs votent pour le FN. »
C’est le grand perdant de cette élection. Alors que le canton de Tourcoing Nord avait élu la socialiste Marie Deroo en 2011 avec 53,09 % des voix, cette fois le PS est sorti dès le premier tour. Pourtant entre 2011 et aujourd’hui, le score du PS ne se sera érodé que de 306 voix (qui ont profité au Front de gauche qui passe de 941 voix à 1 249 voix). Il ne recueille « que » 18,89 % des voix parce que la bonne mobilisation des électeurs ne lui aura pas profité. La droite elle double ses voix et le Front national gagne 3 500 voix. Tous deux sont qualifiés pour le second tour de dimanche, laissant les électeurs de gauche groggy.
Les réactions des politiques
Virginie Rosez et Christophe Marécaux (FN) : « Nous remercions nos électeurs car vu le contexte de lynchage national, ils ont été courageux. Malgré tout, la participation n’est pas encore suffisante. Aujourd’hui on sait très bien que les uns vont appeler au soutien des autres. Nous sommes les seuls candidats contre le système. Alors gagner une mi-temps, c’est bien mais gagner le match ce serait mieux.
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